
Vous avez sans doute déjà vécu cette situation : votre enfant avec TDAH sait ce qu’il a à faire. Il a compris la consigne, il a le matériel, il a même dit "j’y vais"… mais rien ne se passe. Il tourne, soupire, s’énerve, repousse le moment encore et encore.
Ce blocage porte un nom : le déficit d’activation, un des mécanismes clés du TDAH.
Contrairement à ce qu’on croit souvent, les difficultés des enfants TDAH ne se limitent pas à l’impulsivité ou à l’inattention. Ils sont aussi confrontés à un trouble de l’initiation de l’action : leur cerveau a du mal à passer de l’intention à l’action. Et cela, même pour une tâche simple ou routinière.
Pourquoi c’est difficile de “se mettre en route” ?
Le TDAH implique un dysfonctionnement des circuits dopaminergiques du cerveau, en particulier ceux liés aux fonctions exécutives. Ces fonctions incluent notamment la planification, l’organisation, la mémoire de travail… mais aussi l’activation mentale : la capacité à enclencher une action, à entrer dans une tâche.
Cela explique pourquoi votre enfant peut sincèrement vouloir faire son travail, mais ne pas y parvenir seul. Ce n’est ni de la flemme, ni de la provocation. C’est un blocage neurologique réel, souvent aggravé par la pression ou le stress.
Une stratégie concrète : amorcer pour débloquer
Une aide simple mais efficace consiste à l’aider à franchir les premières secondes de la tâche. On parle parfois de co-initiation ou d’amorçage.
Concrètement, cela peut prendre des formes très simples :
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Ouvrir le cahier avec lui
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Lire la première consigne ensemble
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Écrire la première phrase sous sa dictée
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Être simplement présent·e à ses côtés au démarrage
Cette présence rassurante et ce petit coup de pouce suffisent souvent à lancer la machine. Une fois la tâche enclenchée, l’enfant peut continuer seul.
Ce n’est pas le rendre dépendant, c’est l’aider à devenir autonome
On craint parfois qu’en faisant "à leur place", on empêche les enfants de devenir autonomes. Mais c’est tout l’inverse : chez les enfants TDAH, l’autonomie vient par l’accompagnement. Ce que l’on fait aujourd’hui avec eux, ils apprendront à le faire demain par eux-mêmes — à condition qu’on leur montre comment faire.
Cette stratégie est d’ailleurs recommandée dans les programmes d’entraînement aux habiletés parentales validés scientifiquement, comme celui du Dr Russell Barkley. Elle s’inscrit aussi dans une logique de co-régulation émotionnelle, indispensable pour les enfants qui vivent au quotidien avec des tempêtes internes.
En résumé :
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Le déficit d’activation est un vrai frein, neurologiquement fondé.
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Amorcer une tâche à leur place n’est pas un échec : c’est une rampe de lancement.
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Aider un enfant à démarrer, c’est lui donner une chance de continuer seul.
🔍 Pour aller plus loin
Si vous souhaitez approfondir le sujet du TDAH, du fonctionnement du cerveau et des stratégies éducatives fondées sur les recherches, voici quelques ressources solides et accessibles :
📘 Lectures recommandées :
– Et si c'était un TDAH Pr. Olivier Bonnot et Laurence Ollivier
– Mon cerveau a besoin de lunettes Dr Annick Vincent -
🌐 Site incontournable :
www.tdah-france.fr – Association très bien documentée -
Le programme Barkley, fondé sur les données scientifiques les plus récentes, propose des outils concrets pour accompagner son enfant au quotidien. Présentation ici.